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les clefs du destin
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l’entrée d’une plaine immense, dont le sol brillant semblait formé de paillettes d’argent…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT QUATRE-VINGT-DIXIÈME NUIT

Elle dit :

… Or, le onzième jour au matin, nous arrivâmes à l’entrée d’une plaine immense, dont le sol brillant semblait formé de paillettes d’argent. Et au milieu de cette plaine s’élevait une très haute colonne de granit. Et sur le sommet de la colonne était debout un jeune homme en cuivre rouge, dont la main droite, tendue et ouverte, laissait pendre, de chacun de ses cinq doigts, une clef. Et la première clef était d’or, la seconde d’argent, la troisième de cuivre chinois, la quatrième de fer et la cinquième de plomb. Et chacune de ces clefs était un talisman. Et l’homme qui pouvait devenir le maître de l’une de ces clefs, devait subir le sort qui y avait été attaché. Car elles étaient les clefs du destin : la clef d’or était la clef des misères, la clef d’argent celle des souffrances, la clef de cuivre chinois celle de la mort, la clef de fer celle de la gloire, et la clef de plomb celle de la sagesse et du bonheur.

Mais moi, ô mon seigneur, en ce temps-là j’igno-