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les mille nuits et une nuit

que tu as entre les mains, ô roi du temps, et sur lequel étaient tracés des caractères d’or qui brillaient.

Et mon maître prit, en tremblant, le manuscrit, et, bien qu’il fût écrit en une langue inconnue, il se mit à le lire avec attention. Et, au fur et à mesure qu’il le lisait, son front pâle se colorait de plaisir et ses yeux étincelaient de joie. Et, il finit par s’écrier : « Je connais maintenant le chemin de la cité mystérieuse ! Ô Hassân Abdallah, réjouis-toi ! bientôt nous entrerons dans Aram-aux-Colonnes, où nul Adamite n’est jamais entré. Et c’est là que nous trouverons le principe des richesses de la terre, germe de tous les métaux précieux, le soufre rouge ! »

Or moi, que cette idée de voyager encore effrayait à la limite extrême de la frayeur, je m’écriai, en entendant ces paroles : « Ah ! seigneur, pardonne à ton esclave ! Car, bien qu’il partage ta joie, il trouve que les trésors lui sont peu profitables, et il aime mieux être pauvre et en bonne santé au Caire, que riche et souffrant toutes les misères dans Aram-aux-Colonnes ! » Et mon maître, à ces paroles, me regarda avec pitié, et me dit : « Ô pauvre ! Je travaille aussi bien pour ton bonheur que pour le mien ! Et jusqu’à présent, j’ai toujours fait ainsi ! » Et je m’écriai : « Cela est vrai, par Allah ! Mais, hélas ! c’est moi seul qui ai eu la mauvaise part ! et le destin est déchaîné contre moi ! »

Et mon maître, sans davantage prêter attention à mes doléances et à mes récriminations, fit une grande provision de la plante à la chair semblable, pour le goût, à la chair des figues. Puis il monta sur sa cha-