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les mille nuits et une nuit

entré, car partout autour de moi les rochers noirs s’élevaient comme les parois d’un puits.

À cette vue, je me laissai tomber par terre, en pleurant, et je criai à mon maître : « Ô fils des gens de bien, pourquoi m’as-tu conduit à la mort par la route des souffrances et des misères ? Hélas sur moi ! jamais je ne reverrai les enfants et leur mère et ma mère ! Ah ! pourquoi m’as-tu enlevé à ma vie pauvre, mais si tranquille ? Je n’étais, il est vrai, qu’un mendiant sur le chemin d’Allah, mais je fréquentais la cour des mosquées, et j’entendais les belles sentences des santons…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT QUATRE-VINGT-DOUZIÈME NUIT

Elle dit :

« … et j’entendais les belles sentences des santons ! » Et mon maître, sans se fâcher, me dit : « Sois un homme, Hassân Abdallah, et reprends courage. Car tu ne mourras pas ici, et bientôt tu retourneras au Caire, non plus pauvre parmi les pauvres, mais riche comme le plus riche des rois ! »

Et, ayant ainsi parlé, mon maître s’assit par terre, ouvrit le manuscrit en peau de gazelle, et se mit à le feuilleter en se mouillant le pouce, et à y lire, aussi