tranquillement que s’il eut été au milieu de son harem. Puis, au bout d’une heure de temps, il leva la tête, m’appela et me dit : « Veux-tu, ya Hassân Abdallah, que nous sortions d’ici au plus tôt et que nous soyons au but de notre voyage ? » Et je m’écriai : « Ya Allah ! si je le veux ! Mais certainement ! » Et j’ajoutai : « Dis-moi seulement, de grâce ! ce qu’il faut que je fasse pour cela. Faut-il que je récite tous les chapitres du korân ? Ou bien faut-il que je répète tous les noms et tous les attributs sacrés d’Allah ? Ou bien faut-il que je fasse vœu d’aller en pèlerin, dix années de suite, à la Mecque et à Médine ? Parle, ô mon maître, je suis prêt à tout, et à plus que tout ! »
Alors mon maître, me regardant toujours avec bonté, me dit : « Non, Hassân Abdallah, non ! Ce que je veux te demander est bien plus aisé que tout cela. Tu n’as seulement qu’à prendre cet arc et cette flèche que voici, et à parcourir cette vallée jusqu’à ce que tu rencontres un grand serpent à cornes noires. Et, comme tu es adroit, tu le tueras d’un seul coup, et tu m’en apporteras la tête et le cœur ! Et c’est tout ce qu’il faut que tu fasses, si tu veux sortir de ces lieux de désolation ! » Et moi, à ces paroles, je m’écriai : « Haï ! Haï ! Est-ce là cette chose si facile ? Pourquoi alors, ô mon maître, ne fais-tu cela toi-même ? Pour ma part, je déclare que je vais me laisser mourir à ma place, sans plus bouger de ma misérable vie ! » Mais le Bédouin me toucha l’épaule et me dit ; « Souviens-toi, ô Hassân Abdallah, de la robe de ton épouse et du pain de ta maison ! » Et moi, à ce souvenir, je fondis en larmes,