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les mille nuits et une nuit

et reconnus en mon âme que je n’avais rien à refuser à l’homme qui avait sauvé ma maison et ceux de ma maison. Et je pris en tremblant l’arc et la flèche, et je me dirigeai vers les rochers noirs où je voyais rouler les reptiles terrifiants. Et je ne fus pas longtemps sans découvrir celui que je cherchais, et que je reconnus aux cornes qui surmontaient sa tête noire et hideuse. Et, invoquant le nom d’Allah, je l’ajustai et lançai la flèche. Et le serpent bondit sous la blessure, s’agita en se tortillant d’une manière terrible, et se détendit, pour tomber ensuite immobile sur le sol. Et quand j’eus la certitude qu’il était bien mort, je lui coupai la tête avec mon couteau, et, lui ouvrant le ventre, j’en tirai le cœur. Et je portai les deux morceaux à mon maître le Bédouin.

Et mon maître me reçut avec affabilité, prit les deux morceaux du serpent ; et me dit : « Maintenant, viens m’aider à faire du feu ! » Et, moi, je rassemblai des herbes sèches et de menues branches, que je lui portai. Et il en forma un gros tas. Puis il tira de sa poitrine un diamant, le tourna vers le soleil, qui était au plus haut point du ciel, et en fit jaillir un rayon de lumière qui mit aussitôt le feu au tas de bois sec.

Or, le feu allumé, le Bédouin tira de dessous sa robe un petit vase de fer, et une fiole qui était taillée dans un seul morceau de rubis, et qui contenait une matière rouge. Et il me dit : « Tu vois cette fiole de rubis, Hassân Abdallah ! mais tu ne sais ce qu’elle contient ! » Et il s’arrêta un moment et ajouta : « C’est le sang du Phénix ! » Et, parlant ainsi, il déboucha la fiole, en versa le con-