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les mille nuits et une nuit

plaine s’élevait une ville remplie de palais et de jardins.

Et mon maître s’écria : « Voici Aram-aux-Colonnes ! » Et, cessant de mouvoir ses ailes, et les étendant largement immobiles, il se laissa descendre, et moi avec lui. Et nous touchâmes le sol, au pied même des murailles de la cité de Scheddad, fils d’Aâd. Et les ailes de mon maître diminuèrent peu à peu et disparurent.

Or, ces murailles étaient construites de briques d’or alternées de briques d’argent, et huit portes s’y ouvraient, semblables aux portes du Paradis. La première était de rubis, la deuxième d’émeraude, la troisième d’agate, la quatrième de corail, la cinquième de jaspe, la sixième d’argent et la septième d’or.

Et nous pénétrâmes dans la cité par la porte d’or, et nous avançâmes en invoquant le nom d’Allah. Et nous traversâmes des rues bordées de palais à colonnades d’albâtre et des jardins où l’air respiré était de lait et les ruisseaux d’eaux embaumées. Et nous arrivâmes à un palais qui dominait la ville, et qui était construit avec un art et une magnificence inimaginables, et dont les terrasses étaient soutenues par mille colonnes d’or, avec des balustrades formées de cristaux de couleur et des murs incrustés d’émeraudes et de saphirs. Et au centre du palais se glorifiait un jardin enchanté, dont la terre, odorante comme le musc, était arrosée par trois rivières de vin pur, d’eau de rose et de miel. Et au milieu du jardin s’élevait un pavillon dont la voûte, formée d’une seule émeraude, abritait un trône d’or rouge