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les clefs du destin
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— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT QUATRE-VINGT-TREIZIÈME NUIT

Elle dit :

… et je ne savais pas qu’elles étaient les clefs des misères et des souffrances.

Aussi durant tout le voyage, jusqu’à notre arrivée au Caire, je subis bien des misères et bien des privations, et je souffris tous les maux que m’occasionnait ma santé détruite. Mais, par une fatalité dont j’ignorais toujours la cause, moi seul j’étais en butte aux accidents du voyage, tandis que mon maître, tranquille, épanoui et à la limite de la dilatation, semblait prospérer de tous les maux qui m’éprouvaient. Et il passait à travers les périls et les fléaux en souriant, et marchait dans la vie comme sur un tapis de soie.

Et nous arrivâmes de la sorte au Caire, et mon premier soin fut de courir aussitôt vers ma maison. Et j’en trouvai la porte brisée et ouverte ; et les chiens errants avaient fait leur asile de ma demeure. Et nul n’était là pour me recevoir. Et je ne vis point de trace de ma mère, de mon épouse et de mes enfants. Et un voisin, qui m’avait vu entrer et qui entendait les cris de mon désespoir, ouvrit sa porte et me dit ; « Ya Hassân Abdallah, que tes jours