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les mille nuits et une nuit

près de moi pour me servir. Et je compte lui raconter des histoires, s’il regrette sa démission ! »

Et, ayant ainsi parlé, le pêcheur ajouta : « J’ai une grande envie de pisser ! » Et, soulevant son interminable outil, il s’approcha du sultan et fit mine de se décharger sur lui. Et de son côté le kâdi dit : « J’ai également bien envie de pisser ! » Et il s’approcha du vizir, et voulut également faire comme le pêcheur. Et, voyant cela, le sultan et le vizir, au comble de l’hilarité, se levèrent en sautant sur leurs pieds, et s’enfuirent en s’écriant : « Qu’Allah maudisse les mangeurs de haschisch de votre espèce ! » Et ils eurent tous deux beaucoup de peine à échapper aux deux extravagants compagnons.

Or, le lendemain, le sultan qui voulait compléter l’amusement de sa soirée de la veille, ordonna aux gardes de prévenir le kâdi de la ville qu’il eût se présenter au palais avec l’hôte de sa maison. Et le kâdi, accompagné du pêcheur, ne tarda pas à arriver entre les mains du sultan qui lui dit : « Je t’ai fait venir, ô représentant de la loi, afin que tu puisses, avec ton compagnon, m’enseigner quel est le moyen le plus commode de pisser ! Faut-il, en effet, comme le prescrit le rite, s’accroupir en relevant soigneusement sa robe et ses effets ? Ou bien est-il préférable de faire comme les malpropres mécréants qui pissent debout ? Ou bien faut-il pisser contre ses semblables, en se mettant tout nu, ainsi que le firent hier au soir deux mangeurs de haschisch que je connais ? »

Lorsque le kâdi eut entendu ces paroles du sultan, et comme, d’autre part, il savait que le sultan avait