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le diwân des facéties… (haschisch)
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l’habitude de se promener déguisé, la nuit, il comprit que son extravagance et son délire de la veille avaient eu pour témoin le sultan lui-même, et il fut à la limite de l’effroi en pensant qu’il avait manqué de respect au sultan et au vizir. Et il tomba à genoux, criant : « Amân ! Amân ! ô mon seigneur, c’est le haschisch qui m’a induit à la grossièreté et à l’indélicatesse ! » Mais le pêcheur, qui, à cause des doses journalières de haschisch, continuait à se trouver en état d’ébriété, dit au sultan : « Et puis quoi ! Si tu es dans ton palais, nous, hier au soir, nous étions dans le nôtre ! » Et le sultan, extrêmement réjoui des manières du pêcheur, lui dit : « Ô le plus délicieux hurluberlu de mon royaume, puisque tu es un sultan et que je le suis également, je te prie de me tenir compagnie désormais dans mon palais. Et puisque tu sais raconter des histoires, j’espère que tu voudras dulcifier notre ouïe avec l’une d’elles ! « Et le pêcheur répondit : « De tout cœur amical et comme hommages dus ! Mais, certes ! pas avant que tu aies pardonné à mon vizir qui est à genoux à tes pieds ! » Et le sultan se hâta de donner au kâdi l’ordre de se lever, et lui pardonna son extravagance de la veille et lui dit de retourner à sa maison et à ses fonctions. Et il garda auprès de lui le pêcheur seulement, qui, sans plus attendre, lui raconta, comme suit, l’Histoire du kâdi père-au-pet !