Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
le diwân des facéties… (père-au-pet)
205

servir d’épouse désormais, et que moi, en retour, je devienne pour toi l’homme ? » Elle répondit : « Dis-moi où tu habites, et je te ferai parvenir ma réponse dès demain. » Et le kâdi lui expliqua qui il était et où il habitait. Mais elle le savait ! Et elle le quitta en lui coulant le plus engageant des sourires, du coin de l’œil.

Or, le lendemain matin, l’adolescente envoya un message au kâdi, pour l’informer qu’elle consentait à l’épouser, moyennant un douaire de cinquante dinars. Et le ladre, faisant un violent effort sur son avarice, à cause de la passion qu’il éprouvait pour la jeune fille, lui fit compter et remettre les cinquante dinars, et chargea la négresse d’aller la chercher. Et l’adolescente, ne manquant pas à ses engagements, vint, en effet, dans la maison du kâdi ; et le mariage fut promptement conclu devant les témoins qui s’en allèrent aussitôt après, sans avoir été autrement régalés.

Et le kâdi, fidèle à son régime, dit à la négresse, d’un ton emphatique : « Étends la nappe à franges d’or ! » Et, comme à l’ordinaire, sur la table somptueusement ornée, furent servis, pour tous mets, les trois pains secs et les trois oignons. Et la jeune épouse prit la troisième portion, d’un air fort content, et, lorsqu’elle eut fini, elle dit : « Alhamdou lillah ! Louange à Allah ! Quel excellent repas je viens de faire ! » Et elle accompagna cette exclamation d’un sourire d’extrême satisfaction. Et le kâdi, entendant et voyant cela, s’écria : « Glorifié soit le Très-Haut qui m’a enfin octroyé, dans Sa générosité, une épouse qui réunit en elle toutes les per-