Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
les mille nuits et une nuit

fections, et sait se contenter du présent, en remerciant son Créateur pour le beaucoup et pour le peu ! » Mais l’aveugle ladre, le cochon, — qu’Allah le confonde ! — ne savait pas ce que le sort avait décrété pour lui, dans la cervelle maligne de sa jeune épouse.

Or, le lendemain matin, le kâdi fut au diwân, et l’adolescente, pendant son absence, se mit à visiter, l’une après l’autre, toutes les chambres de la maison. Et elle arriva de la sorte à un cabinet dont la porte soigneusement fermée, et cadenassée par trois énormes cadenas, et consolidée par trois fortes barres de fer, lui inspira une vive curiosité. Et, après avoir longtemps tourné tout autour et bien examiné ce qu’il y avait à examiner, elle finit par apercevoir une fente dans une des moulures, de la largeur d’à peu près un doigt. Et elle regarda par cette fente, et fut extrêmement surprise et joyeuse de voir que le trésor du kâdi était accumulé là-dedans, en or et en argent, dans de larges vases de cuivre posés sur le sol. Et aussitôt l’idée lui vint de profiter sans retard de cette découverte inespérée ; et elle courut chercher une longue baguette, une tige de palmier, en enduisit l’extrémité de pâte gluante et l’insinua à travers la fente de la moulure. Et, à force de tourner la baguette, plusieurs pièces d’or s’y attachèrent, qu’elle retira aussitôt. Et elle s’en alla en son appartement et appela la négresse et lui dit, en lui tendant les pièces d’or : « Va promptement au souk, et rapporte-nous-en des galettes toutes chaudes du four, avec du sésame dessus, du riz au safran, de la viande délicate d’agneau, et tout ce que tu peux trouver de meilleur en fait de fruits et de pâtisseries ! » Et la