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le diwân des facéties… (père-au-pet)
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en se tenant le ventre à deux mains, et en s’écriant : « Ya Allah ! une tempête est dans mon ventre ! Ah ! qui me délivrera ! » Et bientôt il ne put s’empêcher de pousser des hurlements, sous la poussée des crises plus fortes de son ventre, devenu plus gonflé qu’une outre pleine. Et aux cris qu’il faisait, son épouse accourut et, cherchant à le soulager, lui fit avaler une poignée de poudre d’anis et de fenouil, qui devaient bientôt produire leur effet. Et, en même temps, pour le consoler et l’encourager, elle se mit à le caresser partout comme on caresse un enfant malade, et à lui masser doucement sa partie affligée, en y passant la main avec régularité. Et tout d’un coup elle s’arrêta dans son massage, en jetant un cri perçant, suivi d’exclamations répétées de surprise et d’effarement, disant : « Youh ! youh ! le miracle ! le prodige ! ô mon maître ! ô mon maître ! » Et le kâdi, malgré les violentes douleurs qui le faisaient se contorsionner, demanda : « Qu’as-tu ? Et de quel miracle s’agit-il ? » Elle dit : « Youh ! youh ! ô mon maître, ô mon maître ! » Il demanda : « Qu’as-tu, dis-le-moi ! » Et elle répondit : « Le nom d’Allah sur toi et autour de toi ! » Et elle passa de nouveau la main sur son ventre tempétueux, en ajoutant : « Que le Très-Haut soit exalté ! Il peut et fait tout ce qu’il veut ! Que Ses secrets soient accomplis, ô mon maître ! » Et le kâdi, entre deux hurlements, demanda : « Qu’as-tu, ô femme ? Parle ! Qu’Allah te maudisse, pour me torturer de la sorte ! » Elle dit : « Ô mon maître, ô mon maître, que Sa volonté s’accomplisse ! Tu es enceinte ! Et l’accouchement est proche de la sortie ! »