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le diwân des facéties… (le baudet kâdi)
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quel pays lointain, tout ce qui se trouvait dans la maison. Et, en apprenant ainsi la totalité de son malheur, et en se voyant le centre de la risée publique, le vieux ladre se hâta de quitter sa ville, sans tourner la tête. Et l’on n’entendit jamais plus parler de lui.

« Et telle est, ô roi du temps, continua le mangeur de haschisch, l’histoire du kâdi Père-au-pet, qui est parvenue jusqu’à moi. Mais Allah est plus savant ! »

Et le sultan, en entendant cette histoire, se trémoussa d’aise et de contentement, et fit don au pêcheur d’une robe d’honneur, et lui dit : « Par Allah sur toi, ô bouche de sucre, raconte-moi encore une histoire d’entre les histoires que tu connais ! » Et le mangeur de haschisch répondit : « J’écoute et j’obéis ! » Et il raconta :


LE BAUDET KÂDI


Il m’est revenu, ô roi fortuné, qu’il y avait, dans une ville du pays d’Égypte, un homme qui était collecteur des taxes, de sa profession, et qui était obligé, par conséquent, de s’absenter souvent de sa maison. Et, comme il n’était point doué de vaillance, quant à ce qu’on appelle le vaillant compagnon, son épouse ne manquait pas de profiter de ses absences pour recevoir son amoureux, qui était un jouvenceau comme