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le diwân des facéties… (le baudet kâdi)
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MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT-UNIÈME NUIT

Elle dit :

… Et il laissa, pour le moment, tout bâté dans l’écurie, devant sa mangeoire, le baudet. Et son épouse resta dans la cour, pour être là à son retour, et soudain elle vit entrer son amoureux qui croyait déjà parti le collecteur des taxes. Et il dit à l’adolescente : « J’ai un pressant besoin d’argent. Et il faut que tu me donnes tout de suite trois cents drachmes ! » Et elle répondit : « Par le Prophète ! Je ne les ai pas aujourd’hui, et je ne sais où les prendre ! » Et le jouvenceau dit : « Il y a le baudet, ô ma sœur ! Tu peux bien me donner le baudet de ton mari, que je vois là tout bâté, devant sa mangeoire, afin que je le vende. Et il me rapportera, pour sûr, les trois cents drachmes qui me sont nécessaires, absolument nécessaires ! » Et l’adolescente, fort surprise, s’écria : « Par le Prophète ! tu ne sais ce que tu dis ! Et mon mari qui va rentrer et qui ne trouvera plus son baudet ? Tu n’y songes pas ! Il m’accusera certainement d’avoir perdu le baudet, puisqu’il m’a chargée de rester là, et il me battra ! » Mais le jouvenceau prit un air si malheureux et la pria avec tant d’éloquence de lui donner le baudet, qu’elle ne put résister à ses prières, et, malgré toute la terreur que lui inspirait