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le diwân des facéties… (le kâdi et l’ânon)
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au diwân, d’un malaise subit, et qu’il s’était hâté de venir à la maison se faire soigner, et se reposer. Et, en effet, le pauvre vieux avait l’air si pitoyable que l’adolescente, son épouse, malgré tout le contretemps qu’il apportait et le trouble qu’il jetait, se mit à l’asperger d’eau de roses et à lui prodiguer ses soins. Et, l’ayant aidé à se déshabiller, elle le coucha dans le lit, qu’elle lui prépara elle-même, et où, soulagé par les soins de son épouse, il ne tarda pas à s’endormir. Et l’adolescente voulut mettre à profit le loisir que lui apportait cette rentrée subite de son mari, pour aller prendre un bain au hammam. Et, dans la contrariété où elle se trouvait, elle oublia de retirer le mouchoir blanc des entrevues, et de déployer celui des empêchements. Et, ayant pris un paquet de linge parfumé, elle sortit de la maison et alla au hammam.

Or le jeune scribe, voyant à la fenêtre le mouchoir blanc, gagna d’un pied léger la terrasse voisine d’où, selon son habitude, il sautait sur celle du kâdi, et pénétra dans la chambre où d’ordinaire il trouvait son amoureuse qui l’attendait toute nue sous les couvertures du lit. Et comme les croisées de la chambre étaient complètement fermées et qu’une grande obscurité régnait dans la pièce, précisément pour favoriser le sommeil du kâdi, et comme souvent l’adolescente, pour jouer, le recevait en silence et ne donnait pas signe de présence, il s’approcha du lit en riant et, soulevant les couvertures, il porta vivement sa main, comme pour la chatouiller, sur l’histoire présumée de l’adolescente. Et holà hé ! voici que sa main tomba — éloigné soit le Malin ! —