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le diwân des facéties… (le kâdi avisé)
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pour un homme ! » Et le cheikh du quartier ajouta, pour conclure : « Qu’Allah lui vienne en aide ! et qu’il éloigne le Malin ! » Et tous répondirent : « Éloigné soit le Malin ! » Et tout le monde se retira, à l’exception de ceux qui tenaient le kâdi immobile sur les tapis. Mais d’ailleurs ils ne restèrent pas longtemps là, car le kâdi fut tout d’un coup pris d’une crise si violente de fureur, et se mit à crier si fort des paroles inintelligibles, et à se débattre avec tant d’acharnement, cherchant toujours à s’élancer sur son épouse qui, de loin, lui faisait en secret des grimaces et des signes de moquerie, que les veines de son cou se rompirent et, crachant un flot de sang, il mourut. Qu’Allah l’ait en sa compassion ! car non seulement il était un kâdi intègre, mais il laissa à son épouse, l’adolescente en question, assez de richesses pour qu’elle pût vivre à son aise et se marier avec le jeune scribe qu’elle aimait et qui l’aimait !

Et, ayant ainsi raconté cette histoire, le pêcheur, mangeur de haschisch, voyant que le roi l’écoutait avec ravissement, se dit : « Je vais lui raconter autre chose encore ! » Et il dit :


LE KADI AVISÉ


On raconte qu’il y avait au Caire un kâdi qui avait commis tant de prévarications et rendu tant