Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
le diwân des facéties… (le kâdi avisé)
247

le kâdi, la bête a poussé un cri strident, et, toute farcie, s’est levée d’entre la garniture et s’est envolée ! » Et le porteur, en entendant cela, s’écria : « Ah ! fils de chien, tu oses encore prétendre cela devant le seigneur kâdi ! » Et le kâdi, prenant un air indigné, dit au porteur : « Et toi, ô mécréant, ô impie, comment oses-tu ne pas croire que Celui qui ressuscitera toutes les créatures, au Jour de la Rétribution, en faisant se réunir leur os épars sur toute la surface de la terre, ne puisse pas rendre la vie à une oie qui a tous ses os, et à qui seules les plumes font défaut ? » Et la foule, à ces paroles, s’écria : « Gloire à Allah qui ressuscite les morts ! » et elle se mit à huer le malheureux porteur de l’oie, qui s’en alla tout repentant de son manque de foi.

Après quoi le kâdi se tourna vers le mari de la femme avortée, et lui dit : « Et toi, qu’as-tu à dire contre cet homme ? » Et lorsqu’il eut écouté la plainte, il dit ; « La cause est entendue, et ne souffre pas d’hésitation. Certes ! le fournier est coupable d’être la cause de l’avortement. Et la loi du talion lui est strictement applicable ! » Et il se tourna vers le mari, et lui dit ; « La loi te donne raison, et je te donne le droit d’amener ta femme chez le coupable afin qu’il te la rende enceinte. Et tu la laisseras à sa charge pendant les six premiers mois de la grossesse, puisque l’avortement a eu lieu au sixième mois ! » Et le mari, en entendant ce jugement, s’écria : « Par Allah, ô seigneur kâdi, je me désiste de ma plainte, et qu’Allah pardonne à mon adversaire ! » Et il s’en alla.

Alors, le kâdi dit aux parents du Maghrébin mort :