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le diwân des facéties… (la leçon…)
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à la fête du Mouled el-Nabi, sous les tentes, et à bien observer les femmes qui y abondent. Et tu en choisiras une qui soit accompagnée d’un petit enfant, et qui ait en même temps une belle allure et de beaux yeux brillants sous son voile dévisagé. Et, ton choix ainsi établi, tu achèteras des dattes et des pois chiches habillés de sucre, et tu en offriras à l’enfant, et tu joueras avec lui, en te gardant bien de lever les yeux vers sa mère ; et tu le caresseras gentiment, et tu l’embrasseras. Et, lorsque l’enfant se sera bien apprivoisé avec toi, alors seulement tu demanderas à sa mère, mais sans la regarder, la faveur de porter l’enfant à sa place. Et, durant tout le chemin, tu chasseras les mouches de sur le visage de l’enfant, et tu lui parleras dans sa langue en lui racontant mille folies. Et la mère finira bien par t’adresser la parole, Et, si elle le fait, tu es sûr d’être le coq ! » Et, ayant ainsi parlé, il le quitta. Et Mahmoud, à la limite de l’admiration pour son ami, passa toute cette nuit-là à se répéter la leçon qu’il venait d’entendre.

Or, le lendemain, de bonne heure, il se hâta d’aller au Mouled, où, avec une fidélité qui prouvait combien il était confiant dans l’expérience de son ami, il mit en pratique le conseil de la veille. Et, à son grand émerveillement, le résultat dépassa son attente. Et le sort voulut que la femme qu’il accompagna chez elle, et dont il portait l’enfant sur ses épaules, fût précisément l’épouse même de son ami Ahmad. Et, en allant chez elle, il était loin de penser qu’il trahissait son ami, car d’un côté il n’était jamais venu dans sa maison, et d’un autre côté il ne pouvait deviner, ne l’ayant jamais vue à découvert