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les mille nuits et une nuit

ni à couvert, que cette femme était l’épouse d’Ahmad. Quant à la jeune femme, elle était dans la joie de faire enfin l’expérience du degré de divination de son mari, qui la poursuivait également de sa science des femmes et de sa connaissance de leur malice.

Or, cette première rencontre entre le jeune Mahmoud et l’épouse d’Ahmad se passa fort agréablement pour les deux. Et l’adolescent, qui était encore vierge et inexpérimenté, goûta dans sa plénitude le plaisir d’être pris entre les bras et les jambes d’une Égyptienne versée dans le métier. Et ils furent si contents l’un de l’autre, qu’ils répétèrent bien des fois la manœuvre les jours suivants. Et la femme se réjouissait d’humilier de la sorte, sans qu’il le sût, son époux présomptueux ; et l’époux s’étonnait de ne plus rencontrer son ami Mahmoud aux heures où il avait l’habitude de le rencontrer, et se disait : « Il a dû trouver une femme, en profitant de mes leçons et de mes conseils !

Cependant, au bout d’un certain temps, comme il allait un vendredi à la mosquée, il aperçut dans la cour, près de la fontaine aux ablutions, son ami Mahmoud. Et il s’approcha de lui, et après les salams et salutations, il lui demanda d’un air entendu s’il avait réussi dans ses recherches, et si la femme était jolie. Et Mahmoud, extrêmement heureux de s’ouvrir à son ami, s’écria ; « Ya Allah ! si elle est jolie ! Du beurre et du lait ! Et grasse et blanche ! Du musc et du jasmin ! Et quelle intelligence ! Et quelle cuisine elle fait pour me régaler, à chacune de nos rencontres ! Mais le mari, ô mon ami Ahmad, me paraît être un sot irrémédiable et un entremetteur ! »