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le diwân des facéties… (la leçon…)
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Et Ahmad se mit à rire et dit : « Par Allah ! la plupart des maris sont ainsi ! Allons ! je vois bien que tu as su bien profiter de mes conseils. Continue de la sorte, ô Mahmoud ! » Et ils entrèrent ensemble à la mosquée, pour la prière, et se perdirent ensuite de vue.

Or Ahmad, à sa sortie de la mosquée, en ce jour de vendredi, ne sachant comment passer le temps, vu que les boutiques étaient fermées, alla en visite chez un voisin, qui habitait porte à porte, et monta s’asseoir avec lui à la fenêtre qui donnait sur la rue. Et soudain il vit arriver son ami Mahmoud, lui-même, avec sa propre personne et son propre œil, qui entra aussitôt dans la maison sans même frapper, ce qui était la preuve irrécusable qu’on était de connivence avec lui, à l’intérieur, et qu’on attendait sa venue. Et Ahmad, stupéfait de ce qu’il venait voir, pensa d’abord se précipiter directement à sa maison et surprendre son ami avec sa femme, et les châtier tous deux. Mais il réfléchit qu’au bruit qu’il ferait en frappant à la porte, son épouse, qui était une rouée, saurait bien cacher le jeune homme ou le faire évader par la terrasse ; et il se décida à entrer dans sa maison d’une autre manière, sans éveiller l’attention.

Il y avait, en effet, dans sa maison une citerne communicante, divisée en deux moitiés, l’une des moitiés lui appartenant et se trouvant dans sa cour, et l’autre moitié appartenant au voisin chez lequel il était assis, et débouchant dans sa cour. Et Ahmad se dit : « C’est par là que j’irai les surprendre ! » Et il dit à son voisin : « Par Allah, ô voisin, je me souviens maintenant que j’ai laissé tomber ce matin