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les mille nuits et une nuit

limite de l’émotion, ne put s’empêcher de jeter un grand cri, et faillit laisser tomber le tuyau de sa main.

Et, ayant ainsi acquis la preuve que ce tuyau était la chose la plus merveilleuse qu’il y eût au monde, il n’hésita pas un instant à l’acheter, persuadé qu’il ne rencontrerait jamais une pareille rareté à rapporter de son voyage, dût ce voyage durer dix années, et dût-il parcourir tout l’univers. Et il fit signe au crieur de le suivre. Et, après avoir pris congé du marchand, il alla au khân où il logeait, et fit compter au crieur, par son esclave, les quarante bourses, en y ajoutant une autre pour le courtage. Et il devint le possesseur du tuyau d’ivoire.

Et lorsque le prince Hassân eut fait cette précieuse acquisition, il ne douta pas de sa prééminence sur ses frères, et de sa victoire sur eux, et de la conquête de sa cousine Nourennahar. Et, plein de joie, il songea, comme il avait du temps devant lui, à prendre connaissance des coutumes et des mœurs des Persans, et à voir les curiosités de la ville de Schiraz. Et il passa ses journées à se promener, en regardant et en écoutant. Et, comme il avait l’esprit bien doué et l’âme sensible, il fréquenta les hommes instruits et les poètes, et apprit par cœur les poèmes, persans les plus beaux. Et c’est alors seulement qu’il résolut de retourner vers son pays ; et, profitant du départ de la même caravane, il se joignit aux marchands qui la composaient, et se mit en chemin. Et Allah lui écrivit la sécurité, et il arriva sans accident au khân des trois chemins, lieu du rendez-vous. Et il y trouva son frère, le prince Ali. Et il resta là,