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histoire de la princesse nourennahar…
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avec lui, en attendant le retour de leur troisième frère. Et voilà pour lui !

Mais pour ce qui est du prince Hôssein, qui était le plus jeune des trois princes, je te prie, ô Roi fortuné, d’incliner vers moi ton ouïe, car voici !

Après un long voyage, qui n’eut rien de vraiment extraordinaire, il arriva à une ville qu’on lui dit être Samarcande. Et c’était, en effet, Samarcande al-Ajam, la ville même où règne maintenant ton glorieux frère Schahzaman, ô Roi du temps. Et, dès le lendemain de son arrivée, le prince Hôssein se rendit au souk qu’on appelle, dans la langue du pays, le Bazar. Et il trouva que ce bazar-là était fort beau. Et comme il était très occupé à s’y promener en regardant de tous côtés avec ses deux yeux, soudain, à deux pas devant lui, il vit un crieur qui tenait à la main une pomme. Et cette pomme était si admirable, rouge d’un côté et dorée de l’autre, et grosse comme une pastèque, que le prince Hôssein désira aussitôt l’acheter, et demanda à celui qui la portait : « À combien cette pomme, ô crieur ? » Et le crieur dit : « À trente mille dinars d’or, ô mon maître, comme mise à prix. Mais j’ai ordre de ne la céder qu’à quarante mille, et au comptant ! » Et le prince Hôssein s’écria : « Par Allah, ô homme, cette pomme est fort belle, et je n’ai jamais vu la pareille de ma vie ! Mais, sans doute, tu veux rire en en demandant un prix si exorbitant ! » Et le crieur répondit : « Non, par Allah ! ô mon seigneur, ce prix que je demande n’est rien en comparaison de la valeur