réelle de cette pomme. Car, quelque belle et admirable que soit sa vue, elle n’est rien en comparaison de son odeur. Et son odeur, ô mon maître, quelque bonne et délicieuse qu’elle soit, n’est rien en comparaison de ses vertus ! Et ses vertus, ô couronne de ma tête, ô mon beau seigneur, quelque merveilleuses qu’elles soient, ne sont rien en comparaison des effets et des usages qu’on en retire pour le bien des hommes ! » Et le prince Hussein dit : « Ô crieur, hâte-toi, puisqu’il en est ainsi, de m’en faire sentir d’abord l’odeur. Et tu me diras ensuite quels en sont les vertus, les usages et les effets ! » Et le crieur, avançant la main, mit la pomme sous le nez du prince, qui la respira. Et il en trouva l’odeur si pénétrante et si suave, qu’il s’écria : « Ya Allah ! toute ma fatigue du voyage est oubliée, et c’est comme si je venais de sortir du sein de ma mère ! Ah ! quelle odeur ineffable ! » Et le crieur dit : Eh bien, seigneur, sache, puisque tu viens d’éprouver sur toi-même, en sentant l’odeur de cette pomme, des effets si inattendus, que cette pomme n’est pas naturelle mais fabriquée par la main de l’homme ; et elle n’est pas le fruit d’un arbre aveugle et insensible, mais le fruit de l’étude et des veilles d’un grand savant, d’un philosophe très célèbre, qui a passé toute sa vie dans les recherches et les expériences sur les vertus des plantes et des minéraux. Et il a abouti à la composition de cette pomme, qui renferme en elle la quintessence de tous les simples, de toutes les plantes utiles et de tous les minéraux curatifs. En effet, il n’y a pas de malade affligé de quelque calamité que ce soit, fut-ce de la peste, de
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