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histoire de la princesse nourennahar…
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la fièvre pourprée ou de la lèpre, qui, même moribond, ne recouvre la santé, rien qu’en la flairant. Et, d’ailleurs, tu viens de ressentir toi-même un peu de son effet, puisque tes fatigues du voyage, se sont évanouies à son odeur. Mais je veux, pour que la chose soit mieux avérée, qu’un malade atteint d’un mal incurable soit guéri devant tes yeux, afin que tu sois fixé sur ses vertus et ses propriétés, comme le sont tous les habitants de cette ville. Tu n’as, en effet, qu’à interroger les marchands qui sont ici rassemblés, et la plupart d’entre eux te diront que s’ils sont encore en vie, c’est uniquement grâce à cette pomme que tu vois ! »

Or, pendant que le crieur parlait ainsi, plusieurs personnes s’étaient arrêtées et l’avaient environné, en disant : « Oui, par Allah ! tout cela est vrai ! Cette pomme est la reine des pommes, et le plus excellent des remèdes ! Et elle fait revenir les malades les plus désespérés des portes de la mort ! » Et, comme pour confirmer tout le bien qu’ils en disaient, un pauvre homme, aveugle et paralytique, vint à passer porté dans une hotte sur le dos d’un porteur. Et le crieur s’avança vivement de son côté et lui mit la pomme sous le nez. Et soudain l’infirme se souleva dans la hotte et, sautant par-dessus la tête de son porteur, comme un jeune chat, livra ses jambes au vent, en ouvrant des yeux comme des tisons. Et tout le monde le vit, et en rendit témoignage.

Alors le prince Hôssein, convaincu de l’efficacité de cette pomme merveilleuse, dit au crieur : « Ô visage de bon augure, je te prie de me suivre à mon khân ! » Et il le mena au khân où il logeait, et lui