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les mille nuits et une nuit

de ce palais, une dame en sortit qui s’avança vers lui, entourée d’une troupe d’autres dames, et dont, à n’en pas douter, elle était la maîtresse, à en juger seulement par sa beauté miraculeuse et son port majestueux. Et elle était vêtue d’étoffes qui n’avaient rien de réel, et portait ses cheveux dénoués qui flottaient jusqu’à ses pieds. Et elle s’avança d’un pas léger jusqu’à l’entrée de la galerie, et, étendant la main d’un geste plein de cordialité, elle dit : « Sois ici le bienvenu, ô prince Hôssein ! »

Et le jeune prince, qui s’était profondément incliné en la voyant, fut à la limite de l’étonnement de s’entendre ainsi appeler de son nom, par une dame qu’il n’avait jamais vue, et qui vivait dans un pays dont il n’avait jamais ouï parler, bien qu’il fût si proche de la capitale de leur royaume ! Et comme déjà il ouvrait la bouche pour exprimer sa surprise, la merveilleuse jouvencelle lui dit : « Ne m’interroge pas ! Je satisferai moi-même ta légitime curiosité, lorsque nous serons dans mon palais ! » Et, souriante, elle lui prit la main et le conduisit, à travers les allées, vers la salle de réception qui s’ouvrait par un portique de marbre sur le jardin. Et elle le fit asseoir à côté d’elle sur le sofa, au milieu de cette salle splendide. Et, lui tenant, la main dans les deux siennes, elle lui dit ; « Ô charmant prince Hôssein, ta surprise cessera quand tu sauras que je te connais depuis ta naissance, et que j’ai souri sur ton berceau. Je suis, en effet, une gennia princesse, fille du roi des genn. Et ma destinée est écrite sur toi. Et c’est moi qui ait fait mettre en vente à Samarcande la pomme miraculeuse que tu as achetée, et à