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histoire de la princesse nourennahar…
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Bischangar le tapis de prière que ton frère Ali en a rapporté, et à Schiraz le tuyau d’ivoire que ton frère Hassân y a trouvé. Et cela doit suffire pour te faire comprendre que je n’ignore rien de ce qui te concerne. Et j’ai jugé, puisque ma destinée est attachée à la tienne, que tu étais digne d’un bonheur plus grand que celui d’être l’époux de ta cousine Nourennahar. Et c’est pourquoi j’ai fait disparaître ta flèche et l’ai conduite jusqu’ici, afin de t’y acheminer toi-même. Et il ne tient maintenant qu’à toi de ne point laisser de tes doigts échapper le bonheur ! »

Et, ayant prononcé ces dernières paroles d’un ton empreint d’une grande tendresse, la belle princesse gennia baissa les yeux en rougissant beaucoup. Et sa jeune beauté n’en devint que plus exquise. Et le prince Hôssein, qui savait bien que sa cousine Nourennahar ne pouvait plus lui appartenir, et voyant de combien la princesse gennia lui était supérieure en beauté, en appas, en agréments, en esprit et en richesses, autant du moins qu’il le pouvait conjecturer par ce qu’il venait de voir et par la magnificence du palais où il se trouvait, ne put que bénir sa destinée qui l’avait conduit, comme par la main, jusqu’à ces lieux si proches et si ignorés ; et, s’inclinant devant la belle gennia, il lui dit : « Ô princesse des genn, ô dame de la beauté, ô souveraine ! que le bonheur d’être l’esclave de tes yeux et l’enchaîné de tes perfections me soit venu sans mérites de ma part, voilà qui est fait pour ravir la raison de l’être humain que je suis ! Ah ! comment une fille des genn peut-elle jeter ses regards sur un adamite inférieur, et le préférer aux rois invisibles qui gou-