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histoire de la princesse nourennahar…
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de mets d’un aspect réjouissant pour le cœur. Et aussitôt se fit entendre, au son des instruments d’harmonie, un chœur de voix de femmes qui semblait descendre du ciel même. Et la belle gennia se mit à servir de ses propres mains son nouvel époux, en lui offrant les morceaux les plus délicats des mets qu’elle lui nommait à mesure. Et le prince trouvait exquis ces mets dont il n’avait jamais entendu parler, ainsi que les vins, les fruits, les pâtisseries et les confitures, toutes choses dont jamais il n’avait goûté les pareilles dans les fêtes et les noces des êtres humains.

Et lorsque le repas fut terminé, la belle gennia princesse et son époux allèrent s’asseoir dans une troisième salle, creusée en dôme, et plus belle que la précédente. Et ils avaient le dos appuyé à des coussins de soie à grands fleurons de différentes couleurs, ouvragés à l’aiguille avec une délicatesse merveilleuse. Et aussitôt un grand nombre de ballerines, filles de genn, entrèrent dans la salle, et dansèrent un pas ravissant, avec la légèreté des oiseaux. Et une musique se faisait en même temps entendre, invisible mais présente, et tombant de haut. Et la danse continua jusqu’à ce que la belle gennia se fût levée, ainsi que son époux. Et les ballerines, sur un rythme de pas harmonieux, sortirent de la salle comme un vol d’écharpes, et marchèrent devant les nouveaux mariés jusqu’à la porte de la chambre où était préparé le lit nuptial. Et elles se rangèrent en haie pour qu’ils entrassent, et se retirèrent ensuite, les laissant libres de se coucher ou de dormir.