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histoire de la princesse nourennahar…
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qu’il découvrait sans cesse de nouveau en sa belle gennia princesse, aussi bien dans les charmes de son esprit que dans les perfections de sa personne.

Or, au bout de six mois de cette vie heureuse, le prince Hôssein, qui avait toujours eu une grande affection filiale pour son père, songea que son absence prolongée devait l’avoir plongé dans une douleur sans bornes, d’autant plus qu’elle était inexplicable, et il éprouva l’ardent désir de le revoir. Et il s’en ouvrit sans détours à son épouse la gennia, qui fut d’abord fort alarmée de cette résolution, tant elle craignait que ce fût un prétexte pour l’abandonner. Mais le prince Hôssein lui avait donné et continuait à lui donner tant de preuves d’attachement et tant de marques de violente passion, et il lui parla de son vieux père avec une telle tendresse et une telle éloquence, qu’elle ne voulut pas s’opposer à son penchant filial. Et elle lui dit, en l’embrassant : « Ô mon bien-aimé, certes ! si je n’écoutais que mon cœur, je ne pourrais me résoudre à te voir t’éloigner de nos demeures, ne fût-ce que pour une journée ou moins encore. Mais je suis maintenant tellement convaincue de ton attachement pour moi, et j’ai une si grande confiance en la fermeté de ton amour et en la vérité de tes paroles, que je ne veux pas te refuser la permission d’aller voir le sultan, ton père. Mais c’est à condition que ton absence ne sera pas de longue durée, et que tu m’en fasses le serment, dans le but de me tranquilliser ! » Et le prince Hôssein se jeta aux pieds de son épouse la gennia, pour lui marquer combien il était pénétré de reconnaissance pour sa bonté à son égard, et lui dit : « Ô ma souve-