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les mille nuits et une nuit

raine, ô dame de la beauté, je connais tout le prix de la grâce que tu m’accordes, et quoi que je puisse t’en dire pour te remercier, sois persuadée que j’en pense encore davantage. Et je te fais le serment, sur ma tête, que mon absence sera de courte durée. Et d’ailleurs pourrais-je, t’aimant comme je t’aime, la prolonger au delà du temps nécessaire pour aller chez mon père et revenir ? Tranquillise donc ton âme et rafraîchis tes yeux, car je penserai tout le temps à toi ; et rien de désagréable ne m’arrivera, inschallah ! »

Et ces paroles du prince Hôssein achevèrent de calmer l’émoi de la charmante gennia, qui répondit, en embrassant de nouveau son époux : « Pars donc, ô mon bien-aimé, sous la sauvegarde d’Allah, et reviens-moi en bonne santé. Mais, auparavant, je te prie de ne point trouver mauvais que je te donne quelques avis sur la manière dont il faut que tu te comportes durant l’absence, au palais de ton père. Et, d’abord, je pense qu’il faut bien te garder de parler de notre mariage au sultan, ton père, ou à tes frères, ni de ma qualité de fille du roi des genn, ni du lieu où nous habitons, ni du chemin qui y conduit. Mais dis-leur seulement à tous de se contenter d’apprendre que tu es parfaitement heureux, que tous tes désirs sont satisfaits, que tu ne souhaites rien davantage que de vivre dans le bonheur où tu vis, et que le seul motif qui te ramène auprès d’eux est celui de faire simplement cesser les inquiétudes où ils pouvaient être au sujet de ta destinée ! »

Et, ayant ainsi parlé, la gennia donna à son époux vingt cavaliers genn bien armés, bien montés et bien