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histoire de la princesse nourennahar…
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équipés, et lui fit amener un cheval si beau que nul dans le palais et le royaume de son père ne possédait le pareil. Et le prince Hôssein, quand tout fut prêt, prit congé de son épouse la gennia princesse, en l’embrassant et en renouvelant la promesse qu’il lui avait faite de revenir incessamment. Puis il s’approcha du beau cheval frémissant, le flatta de la main, lui parla à l’oreille, le baisa et sauta en selle avec grâce. Et son épouse le vit et l’admira. Et, après qu’ils se furent fait le dernier adieu, il partit à la tête de ses cavaliers.

Et comme le chemin qui conduisait à la capitale de son père n’était pas long, le prince Hôssein ne tarda pas à arriver à l’entrée de la ville. Et le peuple, qui le reconnut, fut heureux de le revoir, et le reçut avec acclamations et l’accompagna, avec des cris de joie, jusqu’au palais du sultan. Et son père, en le voyant, fut dans le bonheur et le reçut dans ses bras, en pleurant et en se plaignant, dans sa tendresse paternelle, de la douleur et de l’affliction où l’avaient jeté une si longue et inexplicable absence. Et il lui dit : « Ah ! mon fils, je croyais bien n’avoir plus la consolation de te revoir ! J’avais, en effet, lieu de craindre qu’à la suite de la décision du sort, à l’avantage de ton frère Hassân, tu ne te fusses porté à quelque acte de désespoir ! » Et le prince Hôssein répondit : « Certes, ô mon père, la perte me fut cruelle de la princesse Nourennahar, ma cousine, dont la conquête avait été l’unique objet de mes souhaits. Et l’amour est une passion qu’on n’abandonne pas quand on le veut, surtout lorsque c’est un sentiment qui vous domine, vous maîtrise