Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
310
les mille nuits et une nuit

sec et luisant, et ne sont pas plus harassés que s’ils ne venaient que d’une simple promenade ? Or tout cela, ô roi du temps, est pour te prouver que le prince Hôssein a établi sa résidence secrète tout près de ta capitale, pour être plus à même d’exécuter ses plans pernicieux et de fomenter les troubles parmi le peuple et de se livrer à ses menées subversives ! Nous aurions donc manqué à notre devoir, ô grand roi, si nous n’avions pris sur nous la cruelle obligation d’éveiller ton attention sur une affaire qui est aussi délicate qu’elle est importante et grave, afin que tu te décides à veiller sur ta propre conservation et sur le bien de tes sujets fidèles ! »

Lorsque le favori eut achevé ce discours plein de malice et de suspicion, le sultan lui dit : « Je ne sais, en vérité, ce que je dois croire ou ne pas croire de ces choses surprenantes. En tout cas, je vous suis obligé à tous de votre avis ; et j’ouvrirai mieux les yeux à l’avenir ! » Et il les congédia, sans trop leur montrer combien, en son âme, il était impressionné et alarmé de leurs paroles. Et il résolut, afin de pouvoir un jour soit les confondre, soit les remercier de leur conseil bien intentionné, de surveiller les actes et les démarches de son fils Hôssein, lors de son prochain retour.

Or, le prince Hôssein ne tarda pas à arriver, selon sa promesse. Et le sultan, son père, le reçut avec la même joie et la même satisfaction que la première fois, se gardant bien de lui faire part des soupçons qu’avaient éveillés en son esprit les vizirs intéressés à sa perte. Mais, le lendemain, il appela une vieille, fameuse dans le palais pour sa sorcellerie et sa