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histoire de la princesse nourennahar…
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ta réussite ! » Et la vieille embrassa la terre entre les mains du roi, et s’en alla en sa voie.

Or, un mois après cet événement, le prince Hôssein sortit comme la dernière fois par la porte de pierre, avec sa suite de vingt cavaliers superbement équipés. Et comme il côtoyait les rochers, il aperçut une pauvre vieille qui était couchée sur le sol, et geignait d’une façon lamentable, comme une personne atteinte de quelque mal violent. Et elle était vêtue de haillons et pleurait. Et le prince Hôssein, saisi de compassion, arrêta son cheval et demanda doucement à la vieille quel était son mal, et ce qu’il pouvait faire pour la soulager. Et la vieille artificieuse, qui était précisément venue se poster là pour parvenir au but qu’elle se proposait, répondit, sans lever la tête, d’une voix entrecoupée de gémissements et d’arrêts de respiration : « Ô mon secourable seigneur, c’est Allah qui t’envoie pour faire creuser ma tombe, car je vais mourir ! Ah ! mon âme va sortir ! Ô mon seigneur, j’étais partie de mon village pour aller à la ville, et, en route, j’ai été prise d’une fièvre rouge qui m’a jetée ici sans forces, loin de tout être humain et sans espérance d’être secourue ! » Et le prince Hôssein, dont le cœur était pitoyable, dit à la vieille : « Ma bonne tante, permets à deux de mes hommes de te soulever et de te porter à l’endroit où je vais retourner moi-même, pour t’y faire soigner ! » Et il fit signe à deux de ses gens de soulever la vieille. Et ils le firent ; et l’un d’eux ensuite la mit en croupe derrière lui. Et le prince rebroussa chemin, et arriva avec ses cavaliers à la porte de pierre, qui s’ouvrit et les laissa entrer…