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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/145

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histoire de la jouvencelle…
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MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT TRENTIÈME NUIT

Elle dit :

… Quant à Tohfa, ce qui lui arriva depuis cet instant est si prodigieux et étonnant, qu’il importe de le narrer lentement.

Lorsque Tohfa se trouva seule dans son appartement, elle reprit son livre, et continua sa lecture. Puis, s’étant quelque peu fatiguée, elle prit son luth, et se mit à en jouer pour elle seule. Et ce fut si beau que les choses inanimées en dansèrent de plaisir.

Et soudain elle sentit instinctivement que quelque chose d’inusité se passait dans sa chambre, éclairée en ce moment à la lueur des chandelles. Et elle se retourna et vit, au milieu de la chambre, un vieil homme qui dansait en silence. Et il avait les yeux baissés, et son aspect était vénérable et son port majestueux. Et il dansait une danse extatique, comme nul être humain ne pourrait en danser jamais.

Et Tohfa se sentit refroidie d’épouvante. Car les fenêtres et les portes étaient fermées, et les issues étaient gardées jalousement par les eunuques. Et elle ne se rappelait point avoir jamais vu au palais la figure de cet étrange vieillard. Aussi se hâta-t-elle