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les mille nuits et une nuit

« Je suis un tel fils d’un tel. » Et Sâdous reprit d’une voix nette et ferme : « C’est bien ! » Puis il alla s’asseoir tout contre la tente du chef Ziâd, sans que personne songeât à l’inquiéter.

Et voici qu’il entendit bientôt parler à l’intérieur de la tente. Et c’était la voix de Ziâd lui-même qui, s’étant mis à côté de sa belle captive Hind, l’embrassait et jouait avec elle. Et, entre autres choses, Sâdous entendit le dialogue suivant. La voix de Ziâd dit : « À ton avis, Hind, dis-moi, que ferait ton mari Hojjr s’il savait qu’en ce moment je suis à côté de toi, en doux tête à tête. » Et Hind répondit : « Par la mort ! il courrait sur ta piste, comme un loup, et ne s’arrêterait de courir que devant les tentes rouges, bouillant, plein de colère et de rage, impatient de vengeance, la bouche lui foisonnant d’écume comme un chameau en rut qui mange des herbes amères. » Et Ziâd, entendant ces paroles de Hind, fut pris de jalousie, et, appliquant un soufflet à sa captive, il lui dit : « Ah ! je te comprends. Hojjr, cette bête fauve, te plaît, tu l’aimes, et tu veux m’humilier. » Mais Hind se récria vivement, disant : « Je le jure par nos dieux Lât et Ozzat, je n’ai jamais détesté de mâle comme je déteste mon époux Hojjr. Mais pourquoi, puisque tu m’interroges, te cacher ma pensée ? En vérité, je n’ai jamais vu d’homme plus vigilant et plus circonspect que Hojjr, soit qu’il dorme soit qu’il veille. » Et Ziâd lui demanda : « Comment cela ? Explique-toi. » Alors Hind dit : « Écoute. Quand Hojjr est sous la puissance du sommeil, il tient un œil fermé mais l’autre ouvert, et il a la moitié de son être en éveil. Et cela est si vrai, qu’une