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les mille nuits et une nuit

faut que je fasse un voyage chez mes proches. Mais j’ai une fille. Et, à l’endroit où elle est, j’ai peur qu’elle ne soit exposée à quelque malheur sans recours. Je te supplie donc de me permettre de te l’amener, et de la laisser auprès de toi jusqu’à mon retour. » Et je lui donnai aussitôt mon consentement. Et elle sortit.

« Et le lendemain sa fille vint à ma maison. Et c’était une jeune fille d’aspect délicieux, de belle allure, grande et bien prise. Et j’eus pour elle une grande affection. Et je la faisais coucher dans la chambre où je dormais.

« Et, une après-midi, comme je dormais, je me sentis soudain assaillie dans mon sommeil, et ravagée par un homme qui pesait sur moi de tout son poids et m’immobilisait, me tenant les deux bras. Et, déshonorée, souillée, je pus enfin me dégager de son étreinte. Et, toute bouleversée, je saisis un couteau et l’enfonçai dans le ventre de mon infâme assaillant. Et je découvris qu’il n’était autre que la jeune fille, ma compagne. Et j’avais été trompée par le déguisement de ce jeune homme imberbe, à qui il avait été si aisé de se faire passer pour une fille. » Et lorsque je l’eus tué, je fis enlever son cadavre, et je l’envoyai jeter à l’endroit où on l’a trouvé. Et Allah permit que je devinsse mère, des œuvres illicites de cet homme. Et lorsque j’eus mis l’enfant au monde, je le fis également exposer sur le chemin, où avait été jeté son père, ne voulant pas me charger devant Allah d’élever un enfant qui m’était né contre mon consentement.

« Et telle est, ô émir des Croyants, l’histoire