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histoire de la rose marine…
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crépuscule vermeil. Et, au milieu de ce jardin, était une large pièce d’eau pleine d’eau de roses, jusqu’aux bords. Et, au centre de cette pièce d’eau précieuse, s’élevait, unique sur sa tige, une fleur rouge-feu épanouie. Et c’était la rose marine. Oh ! qu’elle était admirable ! Seul le rossignol pourrait en donner la description convenable.

Et le prince Nourgihân, émerveillé de sa beauté et ivre de son odeur, comprit sans peine qu’une telle rose devait être douée des plus miraculeuses vertus. Et, sans hésiter, il ôta ses vêtements, entra dans l’eau parfumée, et alla arracher le rosier tout entier avec son unique fleur.

Puis le jouvenceau, riche de ce délicat fardeau, revint sur le bord de la pièce d’eau, se sécha et s’habilla sous les rameaux, et cacha la plante sous son manteau, tandis que les oiseaux, cachés dans les roseaux, racontaient dans leur langage aux ruisseaux l’enlèvement de la rose miraculeuse et de son arbrisseau.

Mais il ne voulut point s’éloigner de ce jardin avant d’avoir visité le charmant pavillon qui s’élevait sur le bord de l’eau, et qui était entièrement construit en cornalines de l’Yémen. Et il s’avança du côté de ce pavillon, et y entra hardiment. Et il se trouva dans une salle de la plus harmonieuse architecture, décorée avec un art parfait, et belle de ses proportions. Et au milieu de cette salle était un lit d’ivoire enrichi de pierreries, autour duquel étaient abaissés des rideaux habilement brodés. Et Nourgihân, sans hésiter, se dirigea vers le lit, entr’ouvrit les rideaux, et demeura immobilisé d’admiration en