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les mille nuits et une nuit

subitement inquiet : « Mais qui va nous marier légalement, à cette heure tardive ? Car c’est maintenant, c’est tout de suite que je veux être avec elle. » Et je répondis : « Moi-même, ô émir des Croyants, à cette heure, je vous marierai légalement. »

Et je fis appeler, comme témoins, les deux serviteurs du khalifat, Massrour et Hossein. Et lorsqu’ils furent présents, je récitai les prières et les formules d’invocation, je dis l’allocution rituelle, et, après avoir rendu grâces au Très-Haut, je prononçai les paroles de l’union. Et je stipulai que le khalifat devait, selon l’usage, payer à la fiancée une dot nuptiale, que je fixai à la somme de vingt mille dinars.

Puis, lorsque cette somme fut apportée et livrée à l’épousée, je me disposai à me retirer. Mais le khalifat leva la tête vers son serviteur Massrour, qui dit aussitôt : « À tes ordres, ô émir des Croyants ! » Et Haroun lui dit : « Porte tout de suite chez le kâdi Yâcoub, pour le dérangement que nous lui avons causé, la somme de deux cent mille drachmes, et vingt robes d’honneur. » Et je sortis, après les remercîments, laissant Haroun à la limite de la jubilation. Et l’on m’accompagna chez moi avec l’argent et les robes.

Or, dès que je fus arrivé à ma maison, je vis entrer une vieille dame qui me dit : « Ô Abou-Youssef, la bienheureuse que tu as fait affranchir et que tu as unie au khalifat, lui ayant ainsi donné le titre et le rang d’épouse de l’émir des Croyants, est devenue ta fille, et m’envoie te présenter ses salams et ses souhaits de bonheur. Et elle te prie d’accepter la moitié de la dot nuptiale que lui a livrée le khalifat. Et elle s’excuse de ne pouvoir mieux reconnaî-