Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
les mille nuits et une nuit

le faisaient chavirer tantôt à droite et tantôt à gauche. Et il demeura ainsi à lutter contre l’abîme durant un jour et une nuit. Après quoi, il fut entraîné par le vent et par les courants jusqu’au rivage d’un pays, où s’élevait une ville aux maisons bien bâties.

Et il resta d’abord étendu sur le rivage, sans mouvement et comme évanoui. Et il ne tarda pas à dormir d’un profond sommeil. Et lorsqu’il se réveilla, il vit, penché sur lui, un homme magnifiquement vêtu, derrière lequel se tenaient deux esclaves, les bras croisés. Et l’homme riche regardait Mârouf avec une attention singulière. Et quand il vit qu’il s’était enfin réveillé, il s’écria : « Louanges à Allah ! ô étranger, et sois le bienvenu dans notre ville. » Et il ajouta : « Par Allah sur toi, hâte-toi de me dire de quel pays tu es et de quelle ville, car je crois reconnaître, à ce qui te reste de vêtements sur le dos, que tu es du pays d’Égypte. » Et Mârouf répondit : « C’est la vérité, ô mon maître, je suis un habitant d’entre les habitants du pays d’Égypte, et la ville du Caire est la ville où je suis né et où j’habitais. » Et l’homme riche lui demanda, d’une voix émue : « Et y aurait-il indiscrétion à te demander dans quelle rue du Caire tu habitais ? » Il répondit : « Dans la rue Rouge, ô mon maître » Il demanda : « Et quelles sont les personnes que tu connais dans cette rue ? Et quel est ton métier, ô mon frère ? » Il répondit : « De mon métier et profession, ô mon maître, je suis savetier raccommodeur de vieilles savates. Quant aux personnes que je connais, ce sont des gens du commun, de mon espèce, d’ailleurs honorables et respectés. Et, si tu veux leurs noms,