Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du gâteau échevelé…
47

en voici quelques-uns. » Et il lui énuméra les noms de diverses personnes de sa connaissance, qui habitaient le quartier de la rue Rouge. Et l’homme riche, dont le visage s’éclairait de joie à mesure que se déroulait entre eux cette conversation, demanda : « Et connais-tu, ô mon frère, le cheikh Ahmad, le marchand de parfums. » Il répondit : « Qu’Allah prolonge ses jours ! Il est mon voisin, mur contre mur. » Il demanda : « Se porte-t-il bien ? » Il répondit : « La louange à Allah, il se porte bien. » Il demanda : « Combien d’enfants a-t-il maintenant ? » Il répondit : « Toujours trois. Qu’Allah les lui conserve ! Ce sont Moustapha, Môhammad et Ali. » Il demanda : « Que font-ils ? » Il dit : « Moustapha, l’aîné, est maître d’école dans une madrassah. C’est un savant reconnu, qui connaît par cœur tout le Livre Saint, et peut le réciter de sept différentes manières. Le second, Môhammad, est droguiste marchand de parfums, comme son père, qui lui a ouvert une boutique proche de la sienne, pour fêter la naissance d’un enfant qui lui est né. Quant au petit Ali, qu’Allah le comble de Ses dons choisis ! c’était mon camarade d’enfance, et nous passions nos journées à jouer ensemble et à faire mille espiègleries aux passants. Mais, un jour, mon ami Ali fit ce qu’il fit avec un petit garçon cophte, fils de nazaréens, qui alla se plaindre à ses parents d’avoir été humilié de la pire manière et violenté. Et mon ami Ali, pour éviter la vengeance de ces nazaréens, prit la fuite et disparut. Et nul ne l’a plus revu, quoiqu’il y ait de cela déjà une vingtaine d’années. Qu’Allah le préserve et éloigne de lui les maléfices et les calamités ! »