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les mille nuits et une nuit

marier ! Je t’aurais alors fait cadeau de quelques colliers à cinq ou six rangs de perles grosses comme des œufs de pigeon, de quelques belles robes qui n’ont pas leurs pareilles chez les filles des rois, et de quelques joyaux, pas trop indignes de ton rang. En outre, j’aurais pu montrer une main moins sèche à tes parents et à tes invités. Mais voilà ! ton père m’a fort embarrassé avec son idée de faire les choses trop vite ; et il a commis, en cela, à mon égard, une action semblable à celle que commet celui qui brûle l’herbe encore verte. » Mais la jeune fille lui dit : « Par ta vie, ne te mets pas en peine, comme ça, pour ces petites choses-là ; et ne le chagrine pas davantage. Lève-toi plutôt, rejette tes vêtements, et viens vite près de moi, que nous nous délections ensemble. Et laisse de côté toutes ces idées de cadeaux et autres choses semblables, qui n’ont rien à voir avec ce que nous devons faire cette nuit. Quant à la caravane et aux richesses, je ne m’en soucie pas. Ce que je te demande, ô gaillard, est bien plus simple et plus intéressant que cela ! Hardi donc, et consolide tes reins pour le combat. » Et Mârouf répondit : « Le voici ! il arrive, il arrive ! »

Et, ce disant, il se déshabilla vivement et s’avança, en pointeur, vers la princesse, sous la moustiquaire. Et il s’étendit à côté de cette tendre adolescente, en pensant : « C’est moi-même, Mârouf, c’est moi-même, l’ancien raccommodeur de savates de la rue Rouge, au Caire ! Où étais-je et où suis-je ? » Et, là-dessus, eut lieu la mêlée des jambes et des bras, des cuisses et des mains. Et le combat s’enflamma. Et Mârouf mit sa main sur les genoux