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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/124

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les mille nuits et une nuit

insensé et de leur indiscrétion et de leur poltronnerie, ils s’attirèrent bien des misères et, chacun d’eux, une difformité physique ; contrairement à moi, qui suis sain et complet de corps et d’esprit. En effet, le premier de mes frères est boiteux ; le second, est borgne ; le troisième, brèche-dent ; le quatrième, aveugle ; le cinquième a les oreilles coupées et le nez coupé ; et le sixième, les lèvres fendues !

Mais, ô émir des Croyants, ne crois point que j’exagère les défauts de mes frères et mes qualités. Car, si je te racontais leur histoire, tu verrais combien je suis différent d’eux tous. Et comme leur histoire est infiniment suggestive, je vais, sans plus tarder, te la raconter :


HISTOIRE DE BACBOUK,
LE PREMIER FRÈRE DU BARBIER


« Ainsi ! sache, ô commandeur des Croyants, que le plus âgé de mes frères, le devenu boiteux, s’appelait El-Bacbouk ainsi nommé parce que, lorsqu’il se mettait à bavarder, l’on croyait entendre le glouglou d’une cruche. De son métier, il était tailleur à Baghdad.

Il exerçait son métier de tailleur dans une petite boutique qu’il avait louée d’un homme très farci d’argent et de richesses. Cet homme habitait au haut de la maison même où était située la boutique de mon frère Bacbouk ; et, tout à fait dans le bas de