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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/217

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histoire de douce-amie et d’ali-nour
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jours la maison de ses parents, et c’est nous qui le pleurerons, ce fils unique, le fruit de nos entrailles ! » Et le vizir, ému, lui dit : « Mais quel moyen employer ? » Elle répondit : « Cette nuit, passe la soirée avec nous, et, quand Ali-Nour viendra, je vous ferai faire la paix. Et tu feras d’abord semblant de vouloir le châtier et même le tuer, et tu finiras par lui donner Douce-Amie en mariage. Car Douce-Amie, sur tout ce qui j’ai pu remarquer en elle, est admirable en toute chose. Et elle aime Ali-Nour, et je sais aussi qu’Ali-Nour l’aime autant. D’ailleurs, moi-même, comme je te l’ai dit, je te donnerai, sur mon argent, le prix que tu as dépensé pour l’achat de Douce-Amie ! »

Le vizir se conforma à l’avis de sa femme et, à peine Ali-Nour entré dans l’appartement de sa mère, il s’élança sur lui, le renversa sous ses pieds et leva sur lui un couteau comme pour le tuer. Alors la mère se précipita entre le couteau et son fils et s’écria : « Que vas-tu faire ? » Le vizir s’écria : « Je veux le tuer ! » La mère dit : « Il se repent ! » Et Ali-Nour dit : « Ô père, auras-tu le cœur de me sacrifier ? » Alors le vizir eut les yeux pleins de larmes et dit : « Mais toi, malheureux, comment as-tu eu le courage de me ravir mon bien et peut-être ma vie ? » Et Ali-Nour répondit : « Écoute, ô mon père, ce que dit le poète :

» Admets un moment que j’aie si mal agi et commis tous les délits ! Mais ne sais-tu que les êtres d’élite aiment à pardonner, à faire grâce totale, universelle ?