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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/227

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histoire de douce-amie et d’ali-nour
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Nour se trouva tout seul au milieu de la salle de réunion. Il fit alors appeler Douce-Amie et lui dit : « Ô Douce-Amie, tu ne sais pas encore ce qui vient de me tomber sur la tête ! » Et il lui raconta tout ce qui venait de se passer. Elle répondit : « Ô mon maître Ali-Nour, il y a bien longtemps que je ne cesse de te faire craindre ce qui a fini par t’arriver aujourd’hui. Mais tu ne m’as jamais écoutée, et même un jour tu m’as récité ces vers, pour toute réponse :

« Si la Fortune, passant un jour devant ta porte, la franchissait, saisis-la et, sans crainte, jouis-en à ta guise et fais-en profiter la foule de tes amis ; car elle peut réussir à te glisser des mains.

Mais si elle a décidé d’élire chez toi un domicile ferme, tu peux en user largement, car ce n’est point ta générosité qui l’épuisera ; et si elle a résolu de s’en aller, ce n’est point l’avarice qui la retiendra.

« Aussi, quand je t’ai entendu réciter ces vers, je me suis tue, et n’ai point voulu te rétorquer de réponse. » Ali-Nour lui dit : « Ô Douce-Amie, tu sais bien que je n’ai rien épargné pour mes amis, et c’est sur eux que j’ai dépensé tous mes biens ! Aussi je ne crois pas que maintenant ils puissent m’abandonner dans le malheur ! » Et Douce-Amie lui répondit : « Par Allah ! je te jure qu’ils ne seront pour toi d’aucun profit ! » Et Ali-Nour dit : « Eh bien ! je vais dès cette minute me lever et m’en aller les trouver un à un, et je frapperai à leur porte ; et chacun d’eux me donnera généreusement quelque somme ;