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histoire de sindbad le marin (2e voyage)
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trée, que je cherchais. Alors je voulus monter dessus ; mais il était si lisse et si glissant que je n’eus ni l’adresse ni l’agilité ni la possibilité de m’y hisser. Je me contentai alors de le mesurer : je marquai sur le sable la trace de mon premier pas, et je refis le tour en comptant mes pas. Je trouvai de la sorte que la rondeur exacte en était de cent cinquante pas, plutôt plus que moins.

Comme je réfléchissais tout de même à la façon dont je devais m’y prendre pour trouver quelque porte d’entrée ou de sortie à ce dôme, je m’aperçus que soudain le soleil disparaissait et que le jour se changeait en une nuit noire. Je crus tout d’abord que c’était un gros nuage qui passait sur le soleil, bien que la chose fût impossible en plein été. Je levai donc la tête pour juger de ce nuage qui m’étonnait, et je vis un oiseau énorme aux ailes formidables qui volait devant l’œil du soleil, qu’il cachait ainsi en entier en répandant l’obscurité sur l’île.

Mon étonnement alors fut à ses bornes extrêmes, et je me rappelai ce que, du temps de ma jeunesse, des voyageurs et des marins m’avaient raconté au sujet d’un oiseau de grosseur extraordinaire appelé « rokh » qui se trouvait dans une île fort éloignée, et qui pouvait soulever un éléphant. Je conclus alors que celui que je voyais maintenant devait être le rokh, et que le dôme blanc au pied duquel je me trouvais devait être un œuf d’entre les œufs de ce rokh-là ! Mais j’avais à peine eu cette idée que l’oiseau s’abattait sur l’œuf et se posait dessus comme pour le couver. En effet, il étendit ses ailes immenses sur l’œuf, laissa ses deux pieds se poser à terre