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les mille nuits et une nuit

ces vers, il se leva et voulut remettre la charge sur sa tête et continuer sa route, quand de la porte du palais sortit et s’avança vers lui un petit esclave au visage gentil, aux jolies formes ténues, aux vêtements fort beaux, qui vint le prendre doucement par la main en lui disant : « Entre parler à mon maître, car il désire te voir. » Le portefaix, fort intimidé, essaya bien de trouver quelque excuse qui pût le dispenser de suivre le jeune esclave, mais en vain. Il déposa donc sa charge chez le portier, dans le vestibule, et il pénétra avec l’enfant dans l’intérieur de la demeure.

Il vit une maison splendide, pleine de gens graves et respectueux, au centre de laquelle s’ouvrait une grande salle où il fut introduit. Il y remarqua une assemblée nombreuse composée de personnages à l’air honorable et de convives fort notables. Il y remarqua aussi des fleurs de toutes les sortes, des parfums de toutes les espèces, des confitures sèches de toutes les qualités, des sucreries, des pâtes d’amandes, des fruits merveilleux, et une quantité prodigieuse de plateaux chargés d’agneaux rôtis et de mets somptueux, et d’autres plateaux chargés de boissons extraites du jus des raisins. Il y remarqua aussi des instruments d’harmonie que tenaient sur leurs genoux de belles esclaves assises en bon ordre, chacune selon le rang qui lui était assigné.

Au centre de la salle, le portefaix aperçut, au milieu des autres convives, un homme au visage imposant et digne, dont la barbe était blanchie par les ans, dont les traits étaient fort beaux et très agréables à regarder, et dont toute la physionomie