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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/94

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les mille nuits et une nuit

diatement le tout à bord d’un navire où se trouvaient déjà d’autres marchands prêts au départ, et, mon âme habituée maintenant à l’idée de la mer, je vis le navire s’éloigner de Baghdad et descendre le fleuve jusqu’à Bassra, sur la mer.

De Bassra le navire fit voile vers la haute mer et alors, durant des jours et des nuits, nous naviguâmes en atteignant des îles et des îles et une mer après une autre mer et une terre après une autre terre ! Et à chaque endroit où nous descendions, nous vendions des marchandises pour en acheter d’autres et nous faisions des trocs et des échanges fort avantageux.

Un jour, que nous naviguions depuis plusieurs jours sans voir de terre, nous vîmes émerger de la mer une île qui nous sembla, par sa végétation, quelque merveilleux jardin d’entre les jardins d’Éden. Aussi, le capitaine du navire voulut bien atterrir et, une fois l’ancre jetée et l’échelle abaissée, nous laisser débarquer.

Nous descendîmes, nous tous, les marchands, emportant avec nous tout ce qui était nécessaire en vivres et ustensiles de cuisine. Quelques-uns se chargèrent d’allumer le feu et de préparer la nourriture et de laver le linge, tandis que d’autres se contentèrent de se promener, de se divertir et de se reposer des fatigues de la mer. Moi, je fus du nombre de ceux qui préférèrent se promener et jouir des beautés de la végétation dont ces côtes étaient couvertes, tout en n’oubliant pas de manger et de boire.

Pendant que nous nous délassions de la sorte, nous sentîmes tout à coup l’île trembler dans toute sa masse et nous donner une secousse si rude que nous