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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/98

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les mille nuits et une nuit

tantôt reculant. Et je finis par voir que c’était une cavale merveilleuse, attachée à un piquet. Elle était si belle, que je voulus m’en approcher encore pour la voir de tout près, quand soudain un cri épouvantable me terrifia et me figea sur place, alors que je ne souhaitais plus que fuir au plus vite ; et, au même instant, de dessous terre, un homme sortit qui, à grands pas, s’avança sur moi et me cria : « Qui es-tu ? Et d’où viens-tu ? Et quel est le motif qui t’a poussé à t’aventurer jusqu’ici ? »

Je répondis : « Ô mon maître, sache que je suis un homme étranger et que j’étais à bord d’un navire quand je me noyai avec divers autres passagers. Mais Allah me gratifia d’un baquet en bois que j’enfourchai et qui me soutint jusqu’à ce que je fusse jeté sur cette côte par les vagues ! »

Lorsqu’il eut entendu mes paroles, il me prit la main et me dit : « Suis-moi ! » Et je le suivis. Alors il me fit descendre dans une caverne souterraine, et me fit entrer dans une grande salle où il me fit asseoir à la place d’honneur, et il m’apporta quelque chose à manger, car j’avais faim. Moi, je mangeai jusqu’à ce que je fusse rassasié et en eusse assez et que mon âme se fût apaisée. Alors il m’interrogea sur mon aventure et je la lui racontai depuis le commencement jusqu’à la fin ; et elle l’étonna prodigieusement. Puis j’ajoutai : « Par Allah sur toi, ô mon maître, ne me blâme pas trop de ce que je vais te demander ! Moi je viens de te raconter la vérité sur mon aventure, et je souhaite maintenant savoir qui tu es et le motif de ton séjour dans cette salle de souterrain et la cause qui t’a fait attacher cette