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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/136

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les mille nuits et une nuit

laquelle on ne voyait aucun sentier où pût s’aventurer un homme ou une monture quelconque. Nous mîmes alors pied à terre, et le vieux juif me tendit un couteau en me disant : « Enfonce-le dans le ventre de ta mule ! C’est le moment du travail ! » Moi, j’obéis et j’enfonçai le couteau dans le ventre de la mule qui ne tarda pas à succomber ; puis, sur l’ordre du juif, j’écorchai la bête, et nettoyai la peau. Alors il me dit : « Il faut maintenant t’étendre par terre sur cette peau, pour que je te couse dedans comme dans un sac. » Et moi j’obéis également et m’étendis sur la peau où le vieillard me cousit soigneusement ; puis il me dit : « Écoute bien mes paroles ! Un grand oiseau va venir à l’instant fondre sur toi et t’enlever pour te porter dans son nid situé sur le sommet de cette montagne escarpée. Prends bien garde de bouger quand tu te sentiras dans les airs, car l’oiseau te lâcherait et, dans ta chute, tu te fracasserais sur le sol ; mais, lorsqu’il t’aura déposé sur la montagne, fends la peau avec le couteau que je t’ai donné et sors du sac. L’oiseau sera effrayé et te lâchera. Alors, toi tu ramasseras les pierres précieuses dont est jonché le sommet de cette montagne, et tu me les jetteras ! Cela fait, tu redescendras me rejoindre. »

Or, à peine le vieux juif avait-il fini de parler, que je me sentis enlever dans les airs et, au bout de quelques instants, déposer de nouveau sur le sol. Alors moi, avec mon couteau, je fendis le sac et en sortis ma tête. Cette vue effraya l’oiseau monstrueux qui s’enfuit à tire-d’aile. Je me mis alors à ramasser des rubis, des émeraudes et d’autres pierres pré-