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les mille nuits et une nuit

cou de son âne amène. Il s’approcha donc du cheikh et lui demanda : « Pour où comme ça, ô vénérable ? » Le cheikh répondit : « Pour Baghdad en venant de Bassra, mon pays ! » Giafar demanda : « Et pour quel motif un si long voyage ? » Il répondit : « Par Allah ! c’est pour trouver à Baghdad un médecin savant qui me prescrive un collyre pour mon œil ! » Il dit : « La chance et la guérison sont entre les mains d’Allah, ô cheikh ! Mais que me donneras-tu si, pour t’éviter les recherches et les dépenses, je te prescris ici, moi-même, un collyre capable de te guérir l’œil en une nuit ? » Il répondit : « Allah seul est capable de te rémunérer selon tes mérites ! » Alors Giafar se tourna vers le khalifat et vers Abou-Nowas et leur cligna de l’œil ; puis il dit au cheikh : « Puisqu’il en est ainsi, mon bon oncle, retiens bien la prescription que je vais te faire, car elle est fort simple. Voici : prends trois onces de souffle de vent, trois onces de rayons de soleil, trois onces de rayons de lune et trois onces de lumière de lanterne ; mêle soigneusement le tout dans un mortier sans fond et laisse-le pendant trois mois exposé au grand air. Alors il te faudra piler le mélange pendant trois mois et le verser dans une écuelle percée que tu exposeras au vent et au soleil pendant encore trois mois. Cela fait, le collyre se trouvera à point, et tu n’auras plus qu’à t’en saupoudrer l’œil trois cents fois la première nuit, en employant trois grosses pincées chaque fois, et tu dormiras. Le lendemain tu te réveilleras guéri, si Allah veut ! »

En entendant ces paroles, le cheikh, en signe de gratitude et de respect, s’inclina à plat ventre sur