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les mille nuits et une nuit

Maghreb. Bien que je connaisse de longue date tout le pays, je n’ai jamais ouï parler de cette mer ni de la route qui y conduit ; mais toi, ô cheikh Abdossamad qui as parcouru le monde entier, tu n’ignores sans doute pas l’existence de cette montagne et de cette mer-là ! »

Le cheikh réfléchit une heure de temps et répondit : « Ô émir Moussa ben-Nossaïr, cette montagne et cette mer ne sont pas inconnues à ma mémoire ; mais jusqu’aujourd’hui je n’ai pu, malgré le désir, y aller moi-même : le chemin qui y conduit est très difficile à cause du manque d’eau dans les citernes ; et il faut bien deux ans et quelques mois pour y aller et davantage pour en revenir, si toutefois on peut revenir d’une contrée dont les habitants n’ont jamais donné un signe quelconque de leur existence et vivent dans une ville située, dit-on, au sommet même de la montagne en question, une ville où nul n’a pu encore pénétrer et qu’on nomme la Ville d’Airain ! »

Et, ayant dit ces paroles, le vieillard se tut, réfléchit encore un moment, et ajouta : « De plus je ne dois pas te cacher, ô émir Moussa, que cette route est semée de dangers et de choses pleines d’effroi, et qu’il y a un désert à traverser qui est peuplé par les éfrits et les génies, gardiens de ces terres vierges de pas humains depuis l’antiquité. Sache, en effet, ô Ben-Nossaïr, que ces contrées de l’extrême occident africain sont interdites aux fils des hommes ; deux d’entre eux ont pu seuls les traverser, l’un est Soleïmân ben-Daoud, et l’autre El-Iskandar aux Deux-Cornes. Et depuis ces époques abolies, le silence est devenu